Acteur puissant, fasciné par les récits antiques, Simon Abkarian s’est intéressé à une figure peu aimée de la mythologie antique. Car Ménélas apparaît comme le mari trompé, l’homme brutal qui pour cause d’amour meurtri provoque une guerre de dix ans qui réduira la glorieuse cité de Troie en cendres et laissera ses alentours jonchés de cadavres. 

Mais ici il ne s’agit pas de redire l’histoire. C’est aux réactions intimes du roi grec qu’Abkarian se consacre, à l’énorme plaie ouverte en lui. Il y a de l’outrance et de l’outrage, de l’invective et de l’abattement, du rire et des larmes pour s’adresser à Hélène, pour rêver d’occire l’infâme Pâris de ses mains, pour décrire les visions cauchemardesques de l’épouse qui s’accouple. 

Au plus fort de la rage niche beaucoup de tendresse, une sorte de tendresse furieuse et inspirée à laquelle se mêlent des complaintes, des notes de bouzouki et de guitare. Hélène et Ménélas, comme un morceau d’immortalité.